Former les cadres à la transition écologique : un levier stratégique pour les grandes écoles

Publication le 18/11/2024 | MAJ le 19/11/2024
Former les cadres à la transition écologique : un levier stratégique pour les grandes écoles

Sous la pression des enjeux climatiques, les entreprises intensifient leurs efforts pour intégrer la transition écologique dans leurs pratiques.

Face à ces défis, les grandes écoles de commerce et écoles d'ingénieurs se positionnent comme des acteurs majeurs en proposant des formations adaptées, sur mesure ou générales, pour les cadres en poste.

Les grandes écoles au cœur de la transition écologique

Alors que les entreprises font face à des pressions sociales et réglementaires croissantes, elles se tournent massivement vers les grandes écoles pour former leurs salariés aux enjeux environnementaux. Natacha Loinger, directrice du pôle économie circulaire chez Accor, illustre cette tendance.

Un an après sa nomination, elle a suivi une formation de quelques jours à l'ESCP, son ancienne école, pour approfondir ses connaissances sur l'économie circulaire et se doter d'outils concrets pour relever les défis liés à son poste.

Comme l'ESCP, de nombreuses écoles développent des programmes spécifiques à la transition environnementale.

Selon un rapport du Shift Project, publié récemment, ces formations sont cruciales pour permettre une acquisition rapide de compétences chez les actifs.

Elles jouent aussi un rôle clé dans la transformation des cultures professionnelles au sein des organisations.

Des formations sur mesure pour répondre à des besoins précis

Certaines entreprises recherchent des solutions personnalisées. Mines Paris-PSL, par exemple, conçoit des formations sur mesure pour aider les cadres à déployer des stratégies alignées avec leurs objectifs environnementaux.

« Nous aidons les participants à élaborer des plans d’action concrets à leur échelle », explique Laurent Amice, directeur général de Mines Paris-PSL Executive Education.

Cette approche pragmatique attire des groupes tels que Leroy Merlin, Carrefour, Orange ou encore L'Oréal, qui financent des modules courts pour leurs cadres.

Ces formations favorisent aussi les échanges entre participants issus de différents secteurs, enrichissant les perspectives et favorisant l'émergence de solutions innovantes.

Acquérir un langage commun pour mieux collaborer

Pour progresser efficacement dans la transition écologique, il est essentiel que les équipes partagent une compréhension uniforme des enjeux. Certaines entreprises envoient ainsi des dizaines de salariés se former pour établir un langage commun.

À l’ESSEC, ces programmes incluent des décryptages de réglementations comme la directive européenne CSRD.

Cette dernière impose aux entreprises de publier des rapports sociaux et environnementaux audités, sous peine de lourdes sanctions financières. Ces formations permettent aux cadres de mieux comprendre et anticiper ces obligations légales.

Un spectre d’entreprises élargi

Si les premières entreprises à adopter ces formations étaient engagées par nature, ce spectre s’est largement élargi. Aujourd’hui, toutes sortes de structures, motivées par des pressions légales ou sociétales, s’y intéressent. « Nous travaillons avec des entreprises leaders en durabilité, mais aussi avec celles qui cherchent à s’adapter face à des tensions croissantes », explique Gorgi Krlev, doyen à l’ESCP.

Pour répondre à ces enjeux, les grandes écoles utilisent des pédagogies innovantes comme le design fiction ou l’art thinking. Ces approches visent à aider les participants à réinventer leurs pratiques et à penser différemment pour répondre aux défis actuels.

Un atout financier pour les grandes écoles

Outre leur impact sociétal, ces formations représentent une manne financière pour les grandes écoles. Chez Mines Paris-PSL, la formation continue a permis de former 450 cadres entre 2023 et 2024, et cette activité est en forte croissance. À l’ESSEC, ce chiffre atteint 1.500 participants en 2023, avec une ambition de le doubler rapidement.

Ces programmes offrent également aux professeurs l’opportunité de rester connectés aux réalités des entreprises, enrichissant ainsi leur enseignement auprès des étudiants.

Une concurrence accrue sur le marché de la formation

Les grandes écoles généralistes doivent cependant composer avec une concurrence grandissante.

Des écoles spécialisées comme l’Institut Supérieur de l’Environnement ou des initiatives privées telles que la Climate School d’AXA rivalisent pour attirer les cadres en quête de compétences environnementales.

Face à cet engouement, de nouvelles offres verront le jour dès 2025.

HEC prévoit une formation de deux jours animée par François Gemenne, co-auteur du 6 rapport du GIEC, tandis que l’ESCP lancera un programme de 150 heures étalées sur huit mois. De son côté, l’ESSEC inaugurera un executive master en ligne sur 18 mois.

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