L’apprentissage, les dérives d’un dispositif à la popularité croissante

Publication le 27/02/2023 | MAJ le 27/02/2023
L’apprentissage, les dérives d’un dispositif à la popularité croissante

En France, le nombre de jeunes qui suivent des formations en alternance augmente régulièrement. Le président de la République a annoncé 800 000 apprentis au début de l’année et s’est montré optimiste quant à l’atteinte de l’objectif du million. Pourtant, pour les étudiants qui ont recours au dispositif, celui-ci n’est pas idéal.

Les ruptures de contrat d’apprentissage avant son terme sont légion

De nombreux jeunes préparent leur diplôme en alternance afin de se professionnaliser et percevoir un salaire qui leur permet de financer leurs études. Mais beaucoup déchantent, en raison de la rupture du contrat avant son terme, alors qu’ils espéraient la transformation de leur contrat d’apprentissage en un contrat à durée indéterminée au terme de leur cursus.

D’après les chiffres de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le taux de rupture anticipée se situe à 28 % en moyenne, mais grimpe à 40 % dans l’hôtellerie-restauration. Pour les apprentis, « ces licenciements à répétition s’expliquent par l’importance de la demande, qui permet aux employeurs de les remplacer rapidement ». Dans un rapport datant de juin 2022, la Cour des comptes a souligné le « succès indéniable » des entrées en apprentissage, mais pointe du doigt « la faiblesse de la plus-value de l’insertion professionnelle pour les moins qualifiés ».

Pourtant, l’État verse aux entreprises une subvention de 6 000 € pour chaque alternant recruté, somme qui a tout de même diminué par rapport aux 8 000 € accordés entre 2020 et 2022. Par ailleurs, l’entreprise est exonérée de cotisation patronale sur les salaires versés aux apprentis.

Les offres de formation frauduleuses en apprentissage fleurissent

Un autre problème majeur relevé par les étudiants et les pouvoirs publics concerne la prolifération des écoles proposant l’apprentissage, attirées par le financement de l’État pour tous types de parcours, par exemple un master finance. Pour certaines d’entre elles, l’activité est 100 % en ligne. Les discours marketing sont séduisants, mettant en avant une « garantie d’employabilité », « un programme 100 % gratuit et rémunéré », etc.

Or, la réalité est souvent éloignée de ces engagements. Faute d’accompagnement de l’établissement dans la recherche d’une entreprise, beaucoup d’étudiants doivent souscrire un prêt bancaire ou travailler en parallèle pour couvrir leurs frais de scolarité. Quelques-uns déplorent une « course au profit et une gestion au volume », qui affecte la qualité du suivi et entraine un placement des étudiants sans prise en considération de leurs attentes, une politique qui pénalise ces derniers.

Une étude de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes remontant à décembre 2022 dénonce des pratiques commerciales trompeuses chez 30 % des établissements de formation contrôlés.

Laurent Champaney, président de la Conférence des grandes écoles (CGE), recommande aux étudiants d’éviter toute inscription en dehors de la plateforme Parcoursup. Selon lui, « il existe un grand nombre de programmes potentiellement médiocres et qui se destinent principalement à enrichir les établissements qui les proposent ».

Ce professionnel appelle par ailleurs l’État à renforcer son contrôle. Le ministère de l’Enseignement supérieur a annoncé son intention de « lutter contre les pratiques commerciales abusives de certaines enseignes privées ». Son plan comprend un contrôle de la qualité des formations, ainsi que la labellisation des diplômes et des organismes.

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